2012-10-12 08:50:59
Φωτογραφία για Syrie : la révolte éclatée face au régime
Un homme transporte le corps de son enfant âgé de 5 ans, tué au cours des bombardements par les forces gouvernementales syriennes, mardi à Alep. Crédits photo : TAUSEEF MUSTAFA/AFP

INFOGRAPHIE - L'Arabie saoudite et le Qatar rivalisent à coups de dollars auprès des groupes armés, bloquant leur union. Issam est en colère. «La Syrie se talibanise, sous la pression des extrémistes islamistes et personne ne dit rien», peste cet opposant, actif clandestinement. Ses hommes, à la périphérie de Damas, n'ont reçu ni armes ni argent depuis plusieurs semaines.

Début septembre, raconte Issam, «une querelle a opposé Qatariens et Saoudiens qui participent, sous l'égide des Turcs, à la distribution des armes aux insurgés dans la salle des opérations à Adana, près de la frontière syrienne». Depuis, chacun des parrains de la rébellion anti-Bachar el-Assad œuvre en solo et n'aide plus que ses partisans sur le terrain: le Qatar essentiellement des volontaires liés aux Frères musulmans, les Saoudiens surtout des militants salafistes
. Les autres - notamment de nombreux militaires qui ont fait défection, comme les hommes d'Issam - se retrouvent au pain sec. «En laissant faire, les Turcs, les Américains et les Français veulent-ils transformer la Syrie en nouvel Afghanistan?», se lamente Issam.

Mise sur pied au printemps, cette «salle des opérations» permet aux Turcs de superviser le flot des armes, essentiellement légères - des kalachnikovs, plus quelques lance-roquettes antichars et antiaériens - que les rebelles se procurent au marché noir grâce à l'argent que leur livrent des émissaires saoudiens, libanais ou qatariens. À Adana, les Frères musulmans, soutenus par le Qatar et la Turquie, voulaient contrôler cette filière logistique, histoire de renforcer leurs protégés islamistes sur le terrain. Ce qui provoqua la colère des Saoudiens.

Abou Hamza, un activiste venu de l'ouest du pays, confirme: «Je suis allé récemment à Istanbul pour négocier l'appui financier des Frères musulmans syriens, mais les discussions ont échoué. Lorsqu'ils donnent de l'argent, les Frères veulent contrôler les opérations», regrette cet insurgé, qui a décidé localement de s'allier avec des salafistes.

Les chefs de guerre prolifèrentDans la Syrie des révoltes, c'est le plus fortuné qui se procure les meilleures armes, dans l'espoir d'infliger les plus lourdes pertes à l'ennemi, lors d'attaques qui seront relayées par les chaînes satellitaires du Golfe. Une notoriété qui rassurera ses bailleurs de fonds, en Arabie saoudite ou au Koweït, et grossira les rangs des volontaires prêts à rejoindre son groupe armé.

Éclatée en un chapelet de brigades, la rébellion s'est transformée en un immense bazar. «Lorsque le chef d'un bataillon refuse de travailler avec le Qatar, affirme un expert étranger en contact avec les rebelles, les émissaires qatariens vont voir son adjoint en lui proposant une importante somme d'argent. En général, ajoute-t-il, celui-ci accepte, ce qui renforce, hélas, l'émiettement de l'insurrection.» Cette atomisation accroît de fait la prolifération des chefs de guerre - à l'image d'Abou Brahim, (de son vrai nom Ammar Dakiki), un ancien trafiquant, qui détient onze otages proches du Hezbollah libanais à Azzaz, près de la frontière turque.

Inquiets de cette dérive, les Occidentaux réclament, depuis des mois, un commandement unifié de la révolte. Mais, pour l'instant, toutes les initiatives en ce sens ont échoué. La première eut lieu le 28 août, lorsque les Turcs convoquèrent le ban et l'arrière-ban de l'insurrection: les généraux réfugiés en Jordanie autour de Mohammad Haj Ali, ceux passés en Turquie derrière Moustapha Sheikh, les principaux chefs de l'intérieur, comme Qassem Saadedine et Abdul Jabar Akydi, auxquels se joignirent les inévitables courtiers qatariens et saoudiens, ainsi que des dirigeants des Frères musulmans, dont le francophone Nazir al-Hakim.

Sur l'insistance des Turcs, ceux de l'intérieur acceptèrent que tout bataillon soit dirigé par un militaire ayant fait défection, et non par un volontaire ayant récemment pris les armes. «Pas question», répondirent les islamistes, peu représentés parmi les déserteurs, puisque l'armée laïque d'Assad compte très peu d'islamistes, et qui de toute façon ne veulent pas lâcher la structure d'aide logistique qu'ils ont déjà mise en place. Sans compter les réticences des déserteurs de la première heure à passer la main aux plus récents, qui «collaboraient avec le régime il y a quelques mois encore».

Bref, entre hommes en armes, la méfiance est profonde. «Les islamistes sont convaincus que les autres pourraient tôt ou tard négocier avec le régime, comme cela s'est déjà produit localement, et de cela, ils ne veulent surtout pas», constate Issam. En Syrie, fin septembre, la plupart des chefs armés étaient injoignables: hors du pays, répondaient leurs proches. Ils avaient été convoqués pour une nouvelle réunion en territoire turc. Avec les mêmes participants. Via Skype, l'un d'eux raconte: «Un représentant du Qatar s'est plaint d'avoir donné des armes que les insurgés libyens n'ont pas rendues à la chute de Kadhafi. Il nous a dit que nous ne pouvions pas répéter la même erreur en Syrie et nous a priés de créer une direction cohérente et unifiée de l'Armée libre.»

Peu après, deux hommes furent dépêchés auprès du commandant Maher Nouaimi, responsable de l'Armé libre près d'Idlib, qui «demanda à tous les insurgés de constituer de nouveaux conseils militaires locaux, en échange de quoi leurs membres recevraient de l'argent».

Des agendas différentsCette initiative irrita les Saoudiens, qui demandèrent à leurs partisans de créer à leur tour des conseils locaux, sous l'égide d'un de leurs hommes, Louaï Moukdad, et du député libanais représentant de Saad Hariri en Turquie, Okab Sakr, qui facilite la distribution de l'argent saoudien à la rébellion. Résultat: une double, voire même une triple structure combattante sur le terrain.

«L'unification est pourtant un besoin urgent pour le salut de notre pays», insiste Zaidoun Zoabi, un opposant dans la banlieue de Damas. «Ainsi pourrait-on négocier un cessez-le-feu si nos brigades étaient unies. Mais c'est impossible, déplore-t-il, tous ces groupes armés n'ont pas la même idéologie. Certains déserteurs veulent renverser le régime. Les volontaires islamistes, eux, veulent carrément démanteler l'État. Et puis, comment voulez-vous unifier des groupes qui ne peuvent même pas se rencontrer à l'intérieur de la Syrie?»

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