2013-03-27 23:13:01
Un nouveau processus historique a été lancé pour mettre fin au problème kurde. Pour le chroniqueur, Ihsan Dagi, on ne peut résoudre la question kurde tant qu’on n’aura pas dépassé la conception d’un Etat-nation homogène propre à l’idéologie nationaliste.
Non, ce n’est pas moi qui propose une pax ottomana comme solution au problème kurde en Turquie.
Il semblerait plutôt en effet que ce soit l’idée vers laquelle s’achemine Abdullah Öcalan pour résoudre la question kurde.
C’est du moins ce que je déduis du message qu’il a fait lire à Diyarbakir à l’occasion de la fête de Nevruz, ainsi que de la déclaration du co-président du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde) Selahattin Demirtas à propos de sa rencontre avec Öcalan la semaine dernière sur l’île-prison d’Imrali. D’une certaine manière, il a raison : on ne peut résoudre la question kurde tant qu’on n’aura pas dépassé cette conception d’un Etat-nation homogène propre à l’idéologie nationaliste
. Autrement dit, la conception républicaine d’une Turquie monoethnique, qui serait celle des seuls Turcs, doit être abandonnée. Dès lors, une pax ottomana, une politique non-assimilationniste qui traiterait sur un pied d’égalité l’ensemble des groupes ethniques et religieux serait des plus utiles. Les partisans d’une telle politique font en effet valoir que la pax ottomana avait garanti la sécurité, la liberté et l’autonomie des différents groupes ethniques et religieux au sein d’un Empire traditionnellement pluriel sur les plans ethnique, linguistique et religieux. A une époque où le passé ottoman est devenu une source de fierté et d’ambition, pourquoi n’offrirait-il pas un paradigme postnational pour répondre aux revendications kurdes, un paradigme qui émerge des décombres de cette république kémaliste dont l’idée nationale et séculière s’est effondrée ? Je pense que c’est ce à quoi songent Öcalan et les dirigeants du parti au pouvoir.
Remplacer le concept de nation homogène
Dans la lettre d’Öcalan comme dans le résumé qu’a fait Demirtas de l’entretien qu’il a eu avec le chef du PKK la semaine dernière, je vois en effet des références à une «paix ottomane». Demirtas a ainsi rapporté qu’«Öcalan fait constamment référence à l’héritage ottoman de ces premières années durant lesquelles la République s’est formée, à la communauté des cultures ottomanes». A la question de savoir en quoi consistait cet héritage, le dirigeant du BDP a répondu : «Vous savez, à l’époque de l’Empire ottoman, différentes nations, des peuples de religions différentes ont pu vivre ensemble dans un même pays. Dans la région du Kurdistan en particulier, des peuples avec des appartenances confessionnelles et ethniques différentes ont pu bénéficier d’une autonomie partielle vis-à-vis du pouvoir ottoman.». Et il rajoute : «Öcalan pense que cette expérience historique est très importante. Il est convaincu que le concept de nation homogène ne s’applique à aucun des Etats du Moyen-Orient, et que ces derniers doivent l’abandonner pour que les peuples puissent s’émanciper. » Et Demirtas conclut que pour le leader kurde, «le modèle qui doit remplacer ce concept de nation homogène ne saurait être un Etat-nation mais une confédération du Moyen-Orient où les différentes identités et les différentes confessions pourraient vivre en paix, sans qu’il soit besoin de modifier les frontières officielles. Il voit à cet égard dans les négociations en cours une opportunité pour créer un modèle nouveau au Moyen-Orient, et non simplement pour assurer le salut des Kurdes».
Une nouvelle Turquie
Abdullah Öcalan développe le même thème dans sa lettre. Il parle d’une «nouvelle Turquie» et de la possibilité d’un «nouveau Moyen-Orient». Tout en contestant la modernité capitaliste, il évoque la possibilité d’un nouveau modèle issu de l’expérience historique des peuples de l’Anatolie et de la Mésopotamie, un modèle post-Etat-nation, «civilisationnellement» ancré dans cette terre. Le leader kurde s’attend ainsi à ce qu’une réorganisation de l’Etat autour de la pluralité ethnique, linguistique et religieuse sur le modèle ottoman satisfasse les demandes des Kurdes en matière de liberté et d’autonomie ‒ une pax ottomana sous un habit républicain. Öcalan semble avoir adopté un discours civilisationnel. L’emploi de ce référentiel n’est pas uniquement, chez le leader kurde, l’expression de sa recherche d’une alternative à la «modernité capitaliste» : il exprime également son souhait de construire, avec le Parti de la justice et du développement, une nouvelle Turquie et un nouveau Moyen-Orient, soulignant par là même qu’il comprend la vision qu’a l’AKP du pays comme de l’ensemble de la région.
Zaman France
InfoGnomon
Non, ce n’est pas moi qui propose une pax ottomana comme solution au problème kurde en Turquie.
Il semblerait plutôt en effet que ce soit l’idée vers laquelle s’achemine Abdullah Öcalan pour résoudre la question kurde.
C’est du moins ce que je déduis du message qu’il a fait lire à Diyarbakir à l’occasion de la fête de Nevruz, ainsi que de la déclaration du co-président du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde) Selahattin Demirtas à propos de sa rencontre avec Öcalan la semaine dernière sur l’île-prison d’Imrali. D’une certaine manière, il a raison : on ne peut résoudre la question kurde tant qu’on n’aura pas dépassé cette conception d’un Etat-nation homogène propre à l’idéologie nationaliste
Remplacer le concept de nation homogène
Dans la lettre d’Öcalan comme dans le résumé qu’a fait Demirtas de l’entretien qu’il a eu avec le chef du PKK la semaine dernière, je vois en effet des références à une «paix ottomane». Demirtas a ainsi rapporté qu’«Öcalan fait constamment référence à l’héritage ottoman de ces premières années durant lesquelles la République s’est formée, à la communauté des cultures ottomanes». A la question de savoir en quoi consistait cet héritage, le dirigeant du BDP a répondu : «Vous savez, à l’époque de l’Empire ottoman, différentes nations, des peuples de religions différentes ont pu vivre ensemble dans un même pays. Dans la région du Kurdistan en particulier, des peuples avec des appartenances confessionnelles et ethniques différentes ont pu bénéficier d’une autonomie partielle vis-à-vis du pouvoir ottoman.». Et il rajoute : «Öcalan pense que cette expérience historique est très importante. Il est convaincu que le concept de nation homogène ne s’applique à aucun des Etats du Moyen-Orient, et que ces derniers doivent l’abandonner pour que les peuples puissent s’émanciper. » Et Demirtas conclut que pour le leader kurde, «le modèle qui doit remplacer ce concept de nation homogène ne saurait être un Etat-nation mais une confédération du Moyen-Orient où les différentes identités et les différentes confessions pourraient vivre en paix, sans qu’il soit besoin de modifier les frontières officielles. Il voit à cet égard dans les négociations en cours une opportunité pour créer un modèle nouveau au Moyen-Orient, et non simplement pour assurer le salut des Kurdes».
Une nouvelle Turquie
Abdullah Öcalan développe le même thème dans sa lettre. Il parle d’une «nouvelle Turquie» et de la possibilité d’un «nouveau Moyen-Orient». Tout en contestant la modernité capitaliste, il évoque la possibilité d’un nouveau modèle issu de l’expérience historique des peuples de l’Anatolie et de la Mésopotamie, un modèle post-Etat-nation, «civilisationnellement» ancré dans cette terre. Le leader kurde s’attend ainsi à ce qu’une réorganisation de l’Etat autour de la pluralité ethnique, linguistique et religieuse sur le modèle ottoman satisfasse les demandes des Kurdes en matière de liberté et d’autonomie ‒ une pax ottomana sous un habit républicain. Öcalan semble avoir adopté un discours civilisationnel. L’emploi de ce référentiel n’est pas uniquement, chez le leader kurde, l’expression de sa recherche d’une alternative à la «modernité capitaliste» : il exprime également son souhait de construire, avec le Parti de la justice et du développement, une nouvelle Turquie et un nouveau Moyen-Orient, soulignant par là même qu’il comprend la vision qu’a l’AKP du pays comme de l’ensemble de la région.
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